Entreprise et dignité humaine
Si les entreprises contribuent très largement à la réalisation des droits humains (en fournissant, par exemple, des emplois, des médicaments ou encore, des moyens de transport), elles peuvent également être associées à leur violation. Ce phénomène, certes ancien, a pris un relief particulier dans le contexte de la mondialisation. Cette dernière a entraîné un déplacement des frontières de l’entreprise, laquelle se déploie et évolue désormais, par l’intermédiaire du groupe de sociétés et de sa chaîne d’activités, sur l’ensemble de la planète. Or, il y a là une réalité économique que le Droit peine encore à appréhender. C’est donc à ce défi juridique, la protection de la personne humaine au sein de l’entreprise mondialisée mais envisagée sous un angle singulier, celui de la dignité humaine, que cette thèse s’intéresse. L’esclavage moderne au sein des chaînes d’approvisionnement, les actes de torture et autres exactions commises par les agents de sécurité employés par l’entreprise ou encore, l’utilisation de ses biens (armes, voitures, etc.) et de ses services (prêts d’argent, entreprises de sécurité privées, etc.) par certains États ou groupes rebelles pour commettre des crimes internationaux, sont autant de problématiques qui y sont envisagées. Peut-on prévenir ces atteintes à la dignité humaine ? Peut-on y remédier ? Le cas échéant, comment ? C’est par un voyage au travers des disciplines juridiques (droit des affaires, droit du travail, droit civil, droit pénal, etc.), des ordres juridiques (Pays-Bas, États-Unis, Canada, etc.) et du temps (traite des esclaves, Révolution industrielle, Shoah, Apartheid, notamment) que ces interrogations sont abordées.