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Le musée Napoléon III au palais de l'Industrie

Co-édition Musée du Louvre

Auteur : Laurent HAUMESSER

Si le musée Napoléon III demeure largement méconnu, c’est d’abord que son existence fut étonnamment courte : inauguré le 1er mai 1862, le musée ferma ses portes à la fin du mois d’octobre de la même année et ses collections furent rapidement et largement dispersées. Il est vrai aussi que le bâtiment même qui abrita le musée, le palais de l’Industrie, construit sur le modèle des grands pavillons d’exposition anglais, ne lui a survécu que quelques décennies, avant d’être détruit à la fin du siècle et remplacé par le Grand et le Petit Palais, ne laissant guère de traces dans la mémoire parisienne. Ephémère et méconnu, le musée Napoléon III n’en est pas moins, comme son nom le laisse supposer, une institution emblématique du Second Empire et de la politique culturelle de l’empereur. Conçu pour présenter la collection Campana, acquise en 1861, le musée offrait d’emblée un panorama exceptionnel de l’artisanat et de l’art italien, de l’Antiquité au xviie siècle. Il regroupait également les collections issues d’explorations archéologiques financées par l’empereur (en Asie mineure, en Macédoine et en Phénicie), ainsi que des moulages de la statuaire grecque et de la colonne Trajane de Rome. Il s’agissait dans l’esprit de Napoléon III de créer un musée d’art industriel qui, sur le modèle anglais du South Kensington Museum (l’actuel Victoria & Albert Museum), offrirait de nouveaux modèles d’inspiration à l’art et à l’artisanat industriel français. Cette volonté didactique, qui tranchait avec la logique des musées des Beaux-arts (et explique en partie la rivalité qui s’est d’emblée instaurée avec le musée du Louvre) se retrouvait dans les principes, modernes et inédits, de la scénographie, qui accumulait les séries d’objets, ne dédaignait pas les oeuvres fragmentaires et proposait des reconstitutions et des mises en scène archéologiques, exposant des facsimilés, des dessins et des photographies. Les nombreux documents d’époque – qu’il s’agisse de pièces d’archives inédites (plans des salles, dessins des vitrines, rapports des gardiens…), de guides et de comptes rendus de l’époque, des dessins et photographies, ou des nombreux journaux illustrés, dont les journaux satiriques – permettent de reconstituer le musée, d’en visiter les salles et de prendre la mesure de la modernité du projet. Les témoignages des nombreux visiteurs, souvent illustres (les frères Goncourt, Gustave Moreau…), rendent compte de l’intérêt suscité par le musée et de son succès. Victime des luttes de clans au sein de la cour impériale et miné par la rivalité avec le Louvre, le Musée Napoléon III ferma après des débats animés, mais son destin ne s’arrêta pas là : l’essentiel des collections furent transférées au sein du Louvre, tandis qu’une large partie fut dispersée dans des dizaines de musées à travers la France, qui ont ainsi recueilli une part de l’héritage du Musée Napoléon III.

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