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L’objet d’art et de luxe français en Russie (1881-1917)

fournisseurs, clients, collections et influences

Auteur : Wilfried Zeisler

Les relations franco-russes ont par le passé donné lieu à des études explorant ses divers aspects, en particulier à l’heure de l’Alliance qui unissait à la fin du XIXe siècle la jeune république française à l’ancien empire des Romanov.

 

Rares cependant sont les ouvrages qui se sont intéressés aux échanges culturels de cette époque. Telle est l’ambition de l’ouvrage de Wilfried Zeisler qui, au coeur de ces questions transnationales, pose un regard bilatéral sur les arts décoratifs français et russes, dont il étudie le goût au coeur d’interactions politiques, sociales, commerciales et artistiques.

 

Le premier aspect du goût de l’objet d’art français en Russie est analysé d’un point de vue historique qui justifie le contexte favorable dans lequel il se manifeste sous les règnes des souverains Alexandre III et Nicolas II. Il repose en effet sur l’ancienneté des relations francorusses, reconnues pour leur richesse au XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle. En France, la IIIe République élève symboliquement les arts décoratifs au rang d’oeuvres d’art, qui font leur entrée aux Salons. Bénéficiant de ce nouveau statut et de ce goût pour l’objet d’art, les industries françaises d’art et de luxe développent leurs exportations en Russie, facilitées par la conclusion de l’Alliance franco-russe. Ces impératifs politiques entraînent également la création d’objets d’art, cadeaux diplomatiques voulant refléter un art officiel et moderne soutenu par le régime républicain.

 

Ainsi favorisés, les fournisseurs de l’objet d’art et de luxe en Russie, appartenant à des industries françaises variées – mobilier, bronze, textile, orfèvrerie, céramique, verrerie, bijouterie et joaillerie – bénéficient des séjours répétés de la clientèle russe en France. Fournisseurs et intermédiaires en profitent pour développer leurs échanges avec le marché russe et renforcent leur succès en Russie, où les modèles français ont une influence certaine sur la production locale. Ce deuxième point, centré sur les producteurs et les méthodes de consommation, donne lieu à une analyse approfondie qui apporte de précieuses informations sur le fonctionnement, la production et les stratégies commerciales développées à l’international par les principaux acteurs de l’industrie française d’art et de luxe, regroupant, fabricants individuels, entreprises familiales, manufactures, magasins de luxe, décorateurs, agents ou négociants. Soulevant la question de la circulation des modèles, il permet aussi de s’interroger sur les manifestations concrètes des transferts artistiques intra-européens.

 

Le dernier volet de l’ouvrage est dédié aux consommateurs russes, à l’usage qu’ils réservent aux objets d’art et de luxe français, à leurs rôle et destinées au coeur des collections et palais russes, de l’empire aux premiers jours de la Révolution.

 

De l’empereur au grand bourgeois, les clients russes, dont certains retrouvent une part de leur importance historique via cet ouvrage, reflet de l’évolution sociale du pays, affirmaient, par le goût du fabriqué en France, leur appartenance à une élite européenne. Cette étude permet donc de cerner, à travers l’histoire de la constitution de ces collections d’objets d’art et de luxe, un aspect méconnu de l’histoire du goût français, russe et européen.

 

 

Docteur en Histoire de l’Art, Wilfried Zeisler a enseigné à l’Université de Paris-Sorbonne et à l’école du Louvre où il a également soutenu un Mémoire de IIIe cycle. Il a participé à plusieurs colloques et a publié de nombreux articles en France et à l’étranger, notamment sur l’histoire des collections, la bijouterie-joaillerie, l’orfèvrerie, la céramique ou le mobilier. Il a contribué à la rédaction d’une dizaine de catalogues d’exposition en France et à l’étranger et a été commissaire de trois expositions. Il poursuit ses recherches sur l’histoire du goût, l’histoire des collections et des arts décoratifs au coeur de questions internationales, notamment francorusses au XIXe et début du XIXe siècle. L’ouvrage ici présenté a bénéficié de l’exploitation de sources inédites publiques et privées conservées en France, en Allemagne ou en Russie, qui lui confère son caractère exceptionnel. Outre l’analyse d’un nouvel aspect des relations franco-russes, il offre un regard nouveau sur l’histoire du goût et celle des arts décoratifs du dernier quart du XIXe siècle au début du XXe siècle, illustrées par une iconographie renouvelée, constituée de documents d’archives et d’oeuvres nouvellement identifiées.

 

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